Arroser ses prairies pour faire face au stress hydrique ?
L’herbe souffre davantage de la chaleur quand elle manque d’eau. Arvalis reprend une série d’essais sur l’irrigation des prairies.
Les prairies ont chaud et soif en été. Mais, « il ne faut pas confondre stress hydrique et stress thermique, distingue Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrages d’Arvalis. Les plantes ont un optimum de températures pour la croissance qui se situe entre 18 et 25 °C selon les espèces ». Avec des chaleurs plus élevées, les plantes ralentissent puis stoppent leur photosynthèse et leur croissance. Ce maximum se situe autour de 25 °C pour les ray-grass et de 30 °C pour les dactyles, fétuques ou luzerne. Le trèfle violet est à un niveau intermédiaire. Ces températures maximales sont modulées par la disponibilité en eau. Si la plante a de l’eau à disposition, elle est capable de transpirer et donc de se rafraîchir.
Quand la plante est en stress hydrique, ses stomates se ferment et cela limite l’activité de photosynthèse. Le manque d’eau va aussi brider l’absorption des minéraux, notamment de l’azote, au niveau des racines. Pour les légumineuses, la sécheresse va freiner la fixation symbiotique.
L’herbe semble profiter davantage de l’irrigation printanière
L’irrigation des prairies est très peu pratiquée en France. La plante fourragère la plus irriguée est le maïs ensilage avec 6 à 7 % des surfaces irriguées occasionnellement. Parmi les espèces prairiales, seule la luzerne est parfois irriguée en appoint, c’est-à-dire une irrigation qui ne permet généralement pas d’éliminer totalement le stress hydrique.
Sur trois fermes expérimentales de Charente-Maritime, Rhône et Loire-Atlantique et sur cinq fermes commerciales en Auvergne Rhône-Alpes, Arvalis démarre une série d’essais avec différents niveaux d’irrigation des luzerne, fétuque élevée, ray-grass (anglais et hybride) et prairie multi-espèces. « Nos dernières données datent des années quatre-vingt, explique Anthony Uijttewaal, or le climat et la génétique des plantes ont changé. L’instrumentation a également évolué avec l’arrivée des sondes tensiométriques et capacitives ». En irriguant plus ou moins les microparcelles, l’institut technique veut mesurer les rendements et les valeurs alimentaires des fourrages. « Les données anciennes et les premiers résultats très parcellaires montrent qu’à chaque lame de 10 mm d’eau, on peut espérer un gain de production moyen de 200 à 250 kilos de matière sèche par hectare. Pour le maïs fourrage, l’efficacité est plutôt de 300 à 400 kilos MS avec de l’eau apportée entre le 1er juillet et le 15 août. Pour les prairies, la réponse à l’irrigation serait meilleure au printemps ou à l’automne. Les essais qui démarrent permettront de voir sous quelles conditions l’irrigation des prairies est rentable mais, a priori, cela sera compliqué de justifier un investissement uniquement pour de l’herbe ». Pour les éleveurs déjà équipés, Arvalis recommande de ne pas dépasser 40 mm d’eau par apport.
Damien Hardy, Institut de l’élevage
© Arvalis
Des sondes capacitives et tensiométriques ont été installées au cœur des microparcelles d’essais sur l’irrigation des prairies.